Du 1er au 22 décembre 2012, la galerie Marie Cini est heureuse de présenter
« À géographie variable », une exposition collective qui réunit 8 artistes aux pratiques diverses, autour de la notion d’espace (géographique, mental …).
De façon littérale, non sans une certaine ironie, Pierre-Guillaume Clos propose des Repères (repositionnables). De simples feuilles de papiers adhésives qui marquent une mesure à réinventer à chaque espace.
Leïla Brett et Yann Lestrat, s’amusent au contraire, à déconstruire ces marques.
Pour Leïla Brett, il s’agit d’apposer dans chaque carré donné par la grille de papier millimétré qui lui sert de support, un point blanc. Les points ‘’mangent’’ la grille colorée, jusqu’à l’obtention d’une surface quasi monochrome. Avec Nevroz,
Yann Lestrat détourne le niveau à bulle pour le transformer en une sculpture mobile dont l’équilibre précaire permet de ne pas trouver le niveau recherché.
Pierre-Guillaume Clos, avec une seconde pièce, envisage les notions de volume et de dimension dans une série d’impressions typographiques, indiquant justement le mot VOLUME, conçues aux mêmes proportions que le lieu d’exposition. Ici, le simple principe d’évocation du mot et sa polysémie sont en jeu.
Dans ses photographies, Tami Notsani questionne le passage de la troisième à la deuxième dimension et interroge notre regard et notre œil ; elle le trompe même parfois, comme avec cette photo de papier peint posée à l’angle d’un mur.
Certains artistes de cette exposition ont souhaité aborder la notion d’espace sous un angle plus large, en s’attaquant aux territoires et aux frontières. C’est notamment le cas pour plusieurs des œuvres de Jennifer Brial ici présentées. Une des pièces, intitulée Dymaxion version 3, en référence à la projection de Buckminster Fuller, se compose de triangles équilatéraux représentant le tracé des terres émergées. Cette projection modulaire, qui fonctionne aussi bien à plat qu’en volume, permet de voir les continents dans de justes proportions. Elle met ainsi en évidence les connexions, abolissant la notion de nord et de sud. Une autre œuvre de l’artiste s’attarde plutôt sur la question de la géolocalisation. Comme son titre l’indique, Le Monde épinglé est réalisé à partir d’un globe terrestre recouvert intégralement d’épingles. Ces dernières, traditionnellement utilisées comme marque de repérage de lieux visités, sont ici apposées de manière systématique, sans volonté de composition. Néanmoins, un motif se dégage, une deuxième sphère elle-même composée de petites sphères apparaît. Cet objet sorti tout droit de la bibliothèque d’un voyageur obsessionnel s’avère de nos jours cruellement concret.
Avec son projet Gatempes, Anne-Charlotte Depincé superpose des géographies intimes à d’autres, militaires et stratégiques, où les frontières et les territoires sont mouvants, les positions changeantes. Gatempes est la réédition de 10 cartes postales datées de 1914 à 1919, issues de correspondances entre des soldats sur le front et leurs proches, parfois même entre soldats. Rééditée en vingt exemplaires, chacune de ces dix cartes est recouverte de peinture du côté de l’image, vingt fois, laissant le verso, le côté du texte, vierge de tout recouvrement et lisible. Chaque coffret, élaboré comme un objet entre le multiple et l’original, propose une lecture singulière de cette correspondance.
Mesurer l’espace, créer des itinéraires, c’est à cela que ceux sont intéressés
Suzy Lelièvre et Laurent Mareschal.
La première présente une œuvre intitulée Dunkerque – Barcelone par voie terrestre. Ce projet reprend la genèse du mètre étalon. Le mètre, officiellement défini en 1791 par l’Académie des sciences, correspond à la dix-millionième partie de la moitié du méridien terrestre. Pour établir précisément et concrètement cette valeur, Jean-Baptiste Joseph Delambre et Pierre Méchain furent chargés de mesurer la distance entre Dunkerque et Barcelone. La pièce proposée ici prend la forme d’un mètre et correspond, dans les grandes lignes, au trajet qui sépare ces deux villes, par voie terrestre.
Laurent Mareschal propose un tout autre itinéraire, voire deux. Sur un plan de Paris, présenté comme un papier peint, les visiteurs sont invités à tracer deux parcours à travers la ville : leur parcours quotidien et leur préféré. Une façon pour chacun d’évoquer son Paris.
Les œuvres présentées ici par ces 8 artistes, nous montrent que la notion d’espace est à la fois large, essentielle et envisagée par chacun de manière personnelle. Pour la plupart, il s’agit d’œuvres-objets, bien souvent d’éditions qui composent un ensemble de pièces tout à fait abordables.
GALERIE MARIE CINI
16, rue Saint-Claude 75003 Paris
+33 (0)1 42 71 44 12
http://www.galeriemariecini.com